Cour d’assises. Reconnue coupable d’avoir abandonné ses bébés à Yvetot en 2010 et 2011, Sandrine Lheureux, 27 ans, a été condamnée à douze années de réclusion criminelle.
A l’issue de trois jours de procès devant la cour d’assises de la Seine-Maritime, Sandrine Lheureux a été condamnée hier en fin d’après-midi à douze années de réclusion criminelle. Cette femme de 27 ans est désormais reconnue coupable par la justice d’avoir abandonné ses deux bébés en 2010 et 2011 à Yvetot. Le premier a été découvert mort sur un parking désaffecté, le second a été sauvé in extremis par une promeneuse qu’il l’a aperçu dans un champ (lire nos éditions précédentes). Depuis son interpellation, Sandrine Lheureux a toujours reconnu les faits, en précisant cependant lors du procès qu’elle n’a jamais voulu les tuer.
Peu avant midi, Corinne Gérard, avocat général, avait requis à son encontre quinze ans de réclusion criminelle. « Bien qu’il soit difficile de croire Sandrine Lheureux quand elle dit qu’elle voulait qu’on retrouve ses enfants, nous n’avons pas à démontrer qu’elle a voulu les tuer. On ne lui reproche pas un meurtre, même si elle doit assumer la mort, qu’elle l’ait voulue ou non, du premier de ses deux nourrissons. Elle est poursuivie pour délaissement, elle risque jusqu’à trente années de réclusion. Je vous demande de placer le curseur au milieu de cette échelle. C’est pourquoi je requiers quinze ans ».
« COMMENTPEUT-ELLE FAIRE ÇA À SON NOUVEAU-NÉ ?ET CE,PAR DEUX FOIS »
Avant que la cour d’assises ne se retire vers 15 h pour délibérer, Me Jean-Marc Virezelier a tenté de « sauver » sa cliente, demandant aux jurés dans sa plaidoirie de « punir, pas de démolir ! ». « Nous sommes tous un peu blessés par cette histoire. Comment une femme peut-elle abandonner son enfant ? Comment peut-elle faire ça à son nouveau-né ? Et ce, par deux fois. L’instinct maternel a été pris en défaut. Pour autant, faut-il être sévère avec Sandrine Lheureux ? Faut-il l’accabler ou plutôt lui venir en aide ? Ces trois dernières années passées en prisonme semblent suffisantes ». En condamnant l’accusée à douze années de réclusion criminelle, le jury populaire considère que le temps de la détention provisoire n’est visiblement pas suffisant.
Dans la matinée, Me Arnaud de Saint-Rémy, l’avocat du nourrisson survivant, a insisté sur le « caractère miraculeux » de sa découverte par une promeneuse cet après-midi d’avril 2011. « C’est la providence ! Il a eu une chance extraordinaire. Si Madame Hautot n’avait pas décidé de se balader, si elle n’avait pas croisé ce chat… S’il n’y avait pas eu tout cela, Jules serait mort. J’ai une pensée d’ailleurs pour cette petite fille qui est morte, qui n’a pas de nom, pas d’existence. Aujourd’hui, Jules a 3 ans et l’inconscience de son âge. Mais qu’est-ce qu’on lui dira lorsqu’il aura 5 ans, 10 ans ou 15 ans? ». Durant le procès, Sandrine Lheureux n’a pas donné la réponse à cette question. Elle ne sait pas encore également comment dire à son petit garçon de 7 ans, Mathéo, pourquoi elle est en prison. Durant encore 9 ans.